OJM

culinaire

Oh J’M est un fruit "Plus" qui intègre tous les éléments dont l'Homme a besoin (Lipides, Glucides, Vitamines, etc…) en quantités suffisantes pour constituer un repas équilibré. Pour y arriver, l'idée est de manipuler génétiquement ou/et par croisement des espèces végétales afin de garder le meilleur de ce qu'offrent les fruits et légumes connus, chacun avec ses spécificités. Ensuite, parce que c'est un projet de design complet, il s'agit de penser à la fois l'usage (ergonomie en streetfooding, contraintes de résistance à la manipulation, facilité d'ouverture…etc) et l'image (aspect gourmand).

Ainsi, pour sa peau, Oh J’M garde la résistance de celle des agrumes (qui apportent aussi le calcium) et la praticité d’ouverture de la banane (qui elle se charge de la vitamine B6 et du magnésium). A l’intérieur, Oh J’M s’approprie la texture onctueuse de l’avocat qui se déguste à la petite cuillère et qui est, par ailleurs, riche en lipides et potassium. Pour le goût, c’est la carotte et l’orange qui s’y collent en apportant leurs vitamines A et C. Au centre de chaque ventricule, 6 loges dans lesquelles se trouvent des grains de grenade géants au goût de raisin riche en fibres et glucides. En leur coeur des amandes pour les protéines. Ce qui manque pour arriver à un repas complet, est intégré par génie génétique dans le génome d’Oh J’M.

Le processus de pousse est similaire à ce qui est utilisé dans l’industrie agroalimentaire actuelle et utilise notamment la culture hydroponique qui limite l’empreinte carbone de la culture maraîchère.

Oh J’M fait suite aux projets TCC1 et TCC2 développés en 2010, qui visaient à cultiver des cellules souches et faire ”pousser” directement de la nourriture carnée en limitant le plus possible les étapes traditionnelles de transformation (élevage, dépeçage, conditionnement). Oh J’M constitue le pendant végétal de cette même problématique : comment nourrir un nombre croissant d’humains (+1 milliard en 10 ans) ? Les potentialités sont énormes : travailler sur le juste dosage de protéines, de lipides, de glucides, inventer des textures, affiner des saveurs…, tout devient envisageable. Un design alimentaire qui prend toute sa dimension littérale en permettant d’imaginer ce que personne n’a jamais encore mangé, ni ici, ni ailleurs, ni aujourd’hui, ni hier. Reste pour cela à s’affranchir d’une culture culinaire ancrée sur des codes et des valeurs liés à un passé largement mythifié et à priori incapable de relever les défis démographique et écologique à venir.

Bien sûr, l'arrière-plan plus ou moins fantasmatique des OGM est ici traité avec un optimisme raisonné… Mais d'une part, la manipulation du vivant est l'apanage de l'Homme depuis le néolithique et, d'autre part, il n'est pas interdit de croire que, bien encadrée, l'industrie agroalimentaire puisse produire du beau, du bon et de l'essentiel… Ou alors il faudra accepter de limiter nécessairement le nombre de bouches à nourrir et d’aborder le tabou des tabous… fixer un quota d’humains sur la Terre !