Jean Lamour

culinaire

Il y eut le “Pavé Gruber” en 1999 qui fêtait le centenaire de l’École de Nancy, puis “L’hommage à Jean Prouvé” en 2004 qui honorait le 20ème anniversaire de la mort du maître nancéien. Voici maintenant le “Jean Lamour”, dernier de la trilogie commémorative (non chronologique) des arts décoratifs nancéiens, qui célèbre le 250ème anniversaire de l’inauguration de la place Stanislas.

L’entremet évoque sans équivoque les grilles du célèbre serrurier du Roi Louis xv. Il se présente en deux parties distinctes, tant en goût et texture que formellement.

La base, d’abord, sombre, géométrique et très peu sucrée, constituée d’un assemblage constructif en barreaux de gâteau chocolat sur feuilleté croustillant au praliné, l’ensemble étant glacé au chocolat noir.

La feuille d’or ensuite, brillante et souple, est moulée d'après une sculpture originale inspirée des feuilles d’acanthes emblématiques du 18ème siècle. Sa texture douce naît de l’alliance d’un crémeux aux amandes et miel de Lorraine préservé par une fine couche de chocolat blanc que l’on découvre sous la dorure.

Derrière l’évidence décorative, l’idée est de pouvoir ajuster à sa guise la quantité de sucre et de miel en bouche. Plus de doré, c’est plus de sucre et de douceur. Plus de noir, c’est plus de force et de consistance.

Au départ, l’idée pouvait sembler incongrue de mélanger pâtisserie et arts décoratifs nancéiens. Outre que le célèbre pâtissier Antonin Carême définissait lui même son art comme la branche élevée de l’architecture, cette aventure m’a surtout permis de prendre conscience à quel point les liens étaient présents entre ces différentes évocations. Jean Lamour était ferronnier d’art de formation, Jean Prouvé aussi. Les feuilles dorées des grilles de la place Stanislas puisent leurs forces dans une observation fine de la nature, les créations de l’Art Nouveau aussi. Chacun de ces artistes qui ont “dessiné” Nancy se sont, dans leur apprentissage, nourris de l’histoire des arts décoratifs nancéiens. Puis, parce qu’ils avaient le démon de la création en eux et l’esprit des Lumières, ils se sont évertués à dépasser leur monde pour imaginer “d’autres possibles”.

Beaucoup plus modestement, il était juste qu‘en tant que Nancéien de souche j’en fasse de même et apporte, à mon niveau, une contribution à cette saga créative qui a fait parfois de Nancy une capitale des arts…